A la sortie du 1er confinement, lors du défi avec Denis Chevrot, nous nous étions entendus sur une baisse de la performance de 9%... Qu'en est il concrètement dans les chiffres? Il existe bien sûr déjà quelques études très sérieuses et intéressantes. Et je vais ici, simplement faire part de mon expérience personnelle grâce à un rapide bilan de mes 3 dernières saisons. Ceci peut sans doute intéresser quelques quadra encore plein d'ambition....
Nous retrouvons souvent, chez les + de 50 ans, des triathlètes performants qui n'avaient pas forcement exploité tout leur potentiel dans leurs meilleures années. Le plus souvent, cela est dû à une découverte et un investissement tardifs dans la discipline ou bien ''d'anciens'' triathlètes de haut niveau qui reviennent pour un nouveau défi après plusieurs années sans compétition.
Dans mon cas, j'ai essayé depuis le début des années 90 de garder un investissement régulier bien qu'adapter aux conséquences du temps qui passe et aux contraintes qui évoluent. Mes changements de performances sont donc bien liées principalement au vieillissement.
J'ai donc comparé mes meilleures performances chronométriques de tous les temps (!!..) à celles de mes 3 dernières saisons, pour donner des pourcentages d'évolution de la performance en course à pied, en vélo, en natation et en triathlon.
Comparaison des performances en vélo entre 30 et 50 ans.
La transformation corporelle et la prise de poids avec l’âge jouent forcement sur les performances. Cela est particulièrement vrai en vélo en bosse où le pédalage est également différent. Sur le plat, c'est bien sur le rapport watt-aero qui est la clé....
Le vélo peut être considéré comme mon point fort en triathlon. Mais j’ai mis un petit peu de temps dans ma carrière, pour m’apercevoir que j’étais plus performant par rapport à la concurrence sur des parcours plus roulants. J'ai donc exploité au mieux mon potentiel tardivement. J'ai débuté dans la discipline à 22 ans et 71kg pour 1m81. Puis je suis assez vite passé à 73kg, puis 75kg après 40 ans et 78... 79kg aujourd’hui... Avec ce profil, il était pourtant évident que les parcours avec des pourcentages supérieurs à 7% n’étaient pas faits pour m’avantager! Sur les parcours roulant, j'ai pu bénéficier d'une dynamique positive plus longtemps et profiter de différents progrès (évolution du matériel, amélioration de la position aéro, de la technique de pédalage, etc… ) pour progresser jusqu'à 40 ans et régresser moins rapidement!
Tout cela pour expliquer que j'ai souhaité prendre en compte un pourcentage de régression en bosse et un sur le plat. Le premier provient de l’analyse de chrono réalisé sur différents cols qui présentent des pourcentages supérieurs à 6% ( Chaubouret, Oeillon, Charousse,…).
Pour les différences de performances sur les parcours roulants, j’ai comparé des chronos réalisés sur piste, sur certains parcours ‘’test’’, mais aussi en compétition et en observant aussi les valeurs de puissance que j’ai eu la chance de pouvoir utiliser dès le début des années 2000 avec un très bon étalonnage grâce au Computrainer que j’utilise encore aujourd’hui.
En bosse, la baisse des performances est évaluée à : -14 à -16%.
Si je fais abstraction de la prise de poids, la baisse des performances est évaluée à : -8 à -9%.
Comparaison des performances en course à pied entre 30 et 50 ans.
J'apporte pour commencer une précision importante. Pour chaque discipline, les comparaisons ont toujours été réalisés sur des "tests" d'une durée supérieure à 5'. Les baisses de performances constatées le sont pour des efforts en aérobie. Et j'ai pu trouver une bonne corrélation pour des durées de 5' à plusieurs heures (4h à 5h en vélo, 3h à 3h30' en course à pied et 1h en natation).
En course à pied, bien qu’ayant quelques repères très significatifs sur des tronçons très pentus, je n’ai étudié que les références sur des parcours plats. Celles ci demanderont à être confirmées, car il y a longtemps que je ne me suis pas aligné sur des épreuves officielles de type 10km ou semi marathon. Je n’ai donc pour derniers points de comparaison que des chronos réalisés sans dossard ou alors en triathlon et donc forcement impacté par l’effort sur le vélo.
La course à pied, qui est la seule discipline non portée en triathlon, parait logiquement devoir être la plus impactée par le vieillissement. De plus, ma prise de poids de 5-6kg, même sans baisse des capacités physiques, engendre déjà un déficit de performance d'environ 8 à 10%.... Heureusement, il y a l'arrivée des fameuses chaussures à lames de carbone qui compense un petit peu! Mais cela n'apporte un bénéfice que pour le chrono personnel et pas pour le classement, si la concurrence en est également équipée...
Au final, la chute de mes performances est donc assez importante dans cette discipline avec un pourcentage de régression qui peut-être évalué entre - 14 et - 16%.
Comparaison des performances en natation et en triathlon entre 30 et 50 ans?
Si à 20 ans, j'avais déjà une pratique assidue en course à pied et en vélo, je ne m’étais encore jamais investi en natation autrement que pour des baignades. C’est pour valider le concours d’entrée en STAPS que j’ai dû subir mes premiers entraînements en natation pour passer de 55’’ à 36’’ au 50m nage libre! Avec ces progrès, je devenais alors apte à m’aligner sur mes premiers triathlons l’année suivante…
Je partais donc de loin dans cette discipline qui reste la plus ‘’technique’’ des 3. J’ai dû traîner ce manque de maîtrise de la natation comme un sérieux handicap durant toute ma carrière. Mais cela m’a aussi laissé l’espérance d’une longue mais difficile progression, en tentant chaque saison d'apporter des améliorations à ma technique de nage.
Ajouter à cela le fait que les modifications de la composition corporelle avec l’âge modifient avantageusement un facteur non négligeable de la performance (la flottaison…)me laisse présager un impact moins important sur le chronomètre dans l’eau.
Et pour terminer, en plus de ces 2 éléments, et de l’espoir de revenir à un niveau proche de mes meilleures marques se sont ajoutées cette saison des conditions de pratiques parfaites pour m’investir pleinement dans la réalisation de cet objectif.
Cette année particulière n’avait pourtant pas très bien commencée, car le confinement a fait suite à une reprise tardive de la discipline et je n’ai pu passer qu’un peu plus de quarante heures dans l’eau entre le 1er janvier et le 15 juin... Mais je n’avais plus d’excuse sur les 5 derniers mois de la saison.
Finalement, le résultat est plus que concluant avec du 400m au 4000m, une baisse des performances de…. 0,5%! Si je n’ai pu améliorer aucun de mes meilleurs chronos, cela s’est joué simplement à quelques secondes et me laisse de l’espoir pour 2021!
Il me restera aussi, pour être complet, à mesurer l’écart de performances sur la natation en combinaison de triathlon lors de la prochaine saison.
Je peux aussi dresser un petit bilan sur la distance ironman en comparant mes derniers résultats sur 2 épreuves pour lesquelles je dispose de beaucoup de repères. Si j’observe mes prestations sur les 3 dernières saisons sur les ironman de Floride et Suède (16 participations cumulées sur ces 2 courses en 18 ans), la baisse de performance est chiffrée entre 7% et 8%.
Pour en terminer sur ces effets du vieillissement, j’ai personnellement dû subir, entre 40 et 51 ans, au moins 6 fois plus de soucis de santé qu’entre 20 et 40 ans. Que cela soit d’ordre mécanique (articulations, musculaires,…) ou lié à des maladies. Et bien sûr, chacune de ces ‘’attaques'' à mon physique a entraîné un recul accéléré des performances dont il est de plus en plus difficile de se relever.
Comme j’aime à le rappeler. Un vétéran performant est avant tout un vétéran en bonne santé! L’objectif 2021 est donc tout trouvé!