Collonge, Jurkiewicz, Bastie : Questionnaire croisé avant l'Iron Man Arizona
A quelques heures du départ de l'épreuve, les 3 français qui se connaissent bien se sont amusés au petit jeu de question-réponse....
Christophe Bastie à Jeanne Collonge : Tu es plus performante sur des parcours sélectifs en vélo, comme l’ont encore démontré tes belles performances à Gerardmer et à Aix sur 70.3, pourquoi pour la 2e année consécutive as tu choisi de venir courir sur un iron man très roulant en Arizona ?
Jeanne Collonge : On peut dire effectivement que je suis naturellement plus à l'aise sur des parcours sélectifs, et que je prends beaucoup de plaisir sur ce genre de courses. Cependant je crois que pour être performante il ne faut pas s'arrêter à cela, et les plus fortes le sont sur tous les terrains. Je pense que c'est un apprentissage et j'ai beaucoup travaillé pour gagner de la puissance et de l'aisance sur le plat. Je me suis conditionnée pour faire des miles posée sur le prolongateur, et après tout je me dis que ce que j'arrive à développer dans une bosse, je dois aussi y arriver sur du plat. J'ai choisi de faire l'Arizona parce que je voulais cette année faire un Ironman en ayant pu me préparer à pied sans blessure, donc dans de meilleures conditions que pour Nice, et je ne voulais pas m'arrêter à des parcours vallonnés, pour les raisons que j'ai expliquées précédemment. Même si j'appréhende comme avant chaque course, j'ai très envie de prendre le départ dimanche!
CB à Jeremy Jurkiewicz : Tu as fourni un gros effort physique et mental sur l’Iron Man du Pays de Galles, te sens tu prêt, 2 mois après à reproduire le même effort ? Et si oui, cela t’effraie ? ou bien cela t’excite ?
Jeremy Jurkiewicz : je m'étais interrogé oui sur ma capacité à pouvoir fournir un gros effort, surtout mental (autant à l'entrainement que le jour de la course)
Si je regarde ma saison, elle ne fut pas tant remplie que ça et j'ai pu observer des périodes de repos à plusieurs moments.
En tout cas si j'arrive à reproduire le même effort, et surtout si j'arrive à être à la bagarre, cela m’excitera forcément.
L'Arizona ne découle pas du Pays de Galles ou d'une recherche de qualif. J'avais envie de cette course, de venir courir ici.
Pour finir, un ami m'a dit récemment que ma saison était réussie et que ce n’était que du bonus. Cependant ce n'est pas pour autant que je ne donnerai pas tout mais en essayant de le faire le plus intelligemment possible.
JC à CB : Tu reviens juste d'un belle performance en Floride, trouves-tu les ressources mentales suffisantes pour aborder 2 semaines plus tard un autre Ironman?
CB : Ce n’est pas toujours facile, mais l’esprit de compétition me pousse toujours ! Et cela reste ma principale énergie. Je sais qu’inéxorablement, je deviens moins fort physiquement… Et que les compétitions auxquelles je participe me rapproche toujours plus des dernières sur lesquelles je peux m’exprimer proche de mon meilleur potentiel. Pour cela, je ne cesse pas de chercher à m’améliorer en échangeant et en sollicitant des conseils, en travaillant sur la technique, la gestion de l’effort, le matériel, la préparation des épreuves, etc… Cela sont aussi autant d’expériences qui me servent et m’enrichissent en temps qu’entraîneur et cela me passionne ! J’avoue qu’après la Floride, cela a été dur de trouver la motivation pour remettre cela 15 jours plus tard ici en Arizona. La famille m’attend en France, et j’ai hésité longtemps. L’idée de rentrer plus vite que prévu a été bien présente…. Mais, je m’étais lancé ce dernier petit défi cet été, avec la programmation de ce petit « training camps » de 4 semaines en Floride et après 3, 4 jours de doute, j’ai retrouvé de la motivation pour tenter l’enchaînement. Mais je suis conscient que cela sera difficile et je ne suis pas sur d’avoir encore l’énergie physique et mentale pour rééditer le même effort.
JJ à JC : Sur tes 2 premiers Ironman tu avait eu du mal sur le marathon à cause de blessures, là en pleine possession de tes moyens et connaissant tes qualité pédestres (cf 70,3 Aix) tu esperes donc faire un gros marathon ?
Le marathon, c'est tout un mystère pour moi! Je sais pertinemment que je n'ai pas abordée mes 2 1ers Ironman dans les conditions nécessaires pour être performante (cf. fracture de fatigue et périostite), mais cette distance m'intrigue... Je me sens libérée sur CD, et même sur Half, dans le sens où je pars sans trop me poser de questions sur mes allures. Alors que pour le marathon, qui est 2 fois plus long, je suis toujours dans l'expectative: est-ce que je suis partie trop vite, pas assez? Je pense vraiment qu'avec l'expérience au fil des années, je vais apprendre à mieux me connaître sur cette distance, et à savoir quand je suis bien et assez tenace pour maintenir l'allure jusqu'au bout (avec bien sûr les coups durs inévitables...). Donc pour répondre, je me sens un peu plus sereine vis-à-vis du marathon que mes 2 courses précédentes, mais je ne m'attends pas non plus à faire aussi bien qu'à Aix (qui devient une distance que je maîtrise plus) du fait de mon manque d'expérience. Ce serait bien sûr une immense satisfaction si j'y parvenais!
JJ à CB :L'année dernière en Floride tu t'es fait battre au sprint par un de tes athlètes, vas tu être revanchard sur cette course?
Dans la course, je me bats depuis longtemps surtout contre moi-même et c’est je pense une des raisons qui m’a permis de courir si longtemps sur le longue distance. Mes principales références sur une épreuve sont mes références antérieures. Mais je lutte bien sur également contre les adversaires qui sont à mon niveau ! Je pense que j’ai peut être encore une petite chance de rivaliser avec le jeune qui m’as battu au sprint l’année dernière en Floride si j’évolue à mon meilleur niveau. Mais si cela peut devenir une motivation dans la course, comme l’opportunité d’un top 10 ou autre, cela ne conditionnera pas la réussite de ma course. Si je termine 9e en 8h29’ et que le jeune prometteur est 7e , je serais doublement satisfait ! Si il est 10e en 8h29’30’’ je serais bien content aussi ! Mais si je suis 18e en 8h55’ et lui 19e en 8h56’ cela sera une déception…
JJ à CB :Comment arrive tu a gérer cette situation: d’entraîner quelqu'un qui peut être susceptible de te battre?
CB :Cela n’est pas complètement nouveau car sur des courses avec drafting notamment, j’ai été très vite battu par des jeunes que j’entrainais. J’ai aussi été battu 3, 4 fois par DFF qui ne m’avait jamais devancé avant que je l’aide dans son entraînement. Mais comme, je l’ai expliqué plus haut, je suis prêt à accepter facilement si quelqu’un de plus fort me devance à la régulière sur une course alors que j’ai réalisé mon maximum sur celle-ci. Si ce sont les circonstances de course ou un comportement litigieux de l’adversaire, cela est un peu plus dur… Surtout dans la 2e hypothèse… Mais concernant les triathlètes que j’entraine qui m’ont battu, je n’ai aucun doute sur celle-ci ! Il m’est donc facile de faire abstraction de cela. Et si en plus ce sont des jeunes que j’ai eu la chance et l’opportunité de former cela est même devenu une motivation de les aider à me battre et nos confrontations en compétition mais aussi à l’entraînement peuvent être des bons leviers de progression si je reste un peu performant…
JJ à CB :Une question plus personnel, tu me parle de gros effort physique et mental il y a 2 mois mais tu en à fait autant il y a 2 semaines, comment as tu gérer la chose et comment tu l'abordes? Pour finir, à 42ans et après 20 ans au plus haut niveau, à courir partout dans le monde. tu es encore la avec toujours autant d'envie: alors le secret ??
J’ai déjà en parti répondu à ces questions. Et bien qu’ayant fait mon maximum pendant ces 15 jours pour tenter d’être à nouveau compétitif ce dimanche, j’aborde la compétition un peu « lachement » sans pression. L’objectif était en Floride et j’en suis ressorti satisfait de ma performance. Ici en Arizona cela sera du bonus ou rien du tout… Je sais que cette façon d’aborder un Iron Man n’est pas satisfaisante et pas très glorieuse, mais je sais aussi que 15 jours entre 2 Iron Man sont difficilement gérables et que le corps a ses limites…
Pour les 42 ans… Ce sont aussi simplement les circonstances de la vie et la beauté du sport ! Tant que je suis capable de rivaliser avec mes meilleures performances pourquoi s’en priver ? C’est tellement bon avant dans la préparation, pendant et aussi après dans la décompression. Et sans cela, je ne connaitrais pas l’immense bonheur de retrouver la famille après 1 mois d’absence ! Ni la tristesse de les quitter non plus… Mais je pense qu’il vaut mieux de la grandeur plutôt que de la platitude dans les émotions comme dans tout le reste !!??..